Les écoles en première ligne

Frédéric Choulet avec Julie Cloris 28 mars 2019, 19h17, lien

Les écoles parisiennes sont les plus exposées à des taux de pollution élevées. LP/Olivier Lejeune

Une étude réalisée par l’association Respire à partir des données d’Airparif près des établissements scolaires, montre des taux préoccupants à Paris et en petite couronne.

Au secours, nos enfants respirent un air pollué ! C’est en substance le constat que l’on peut faire à la lecture de l’inventaire des établissements scolaires exposés à la pollution de l’air en Ile-de-France publié ce jeudi par l’association Respire.

L’association nationale pour la prévention et l’amélioration de la qualité de l’air a recensé et croisé près de 100 millions de données des capteurs de l’organisme régional Airparif pour établir la carte de la pollution de l’air autour de 12 520 établissements scolaires, crèches, écoles, collèges et lycées, publics et privés en région parisienne.

Résultat : les chiffres montrent que les milliers d’enfants et adolescents fréquentant 85 % de ces établissements, ainsi que les adultes enseignants et encadrants, vivent dans un air plus pollué que les recommandations de l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé.Lire notre dossier

Sans surprise, les zones les plus fortement polluées au dioxyde d’azote, ce gaz nocif issu principalement des moteurs diesel, se situent dans la capitale pour l’essentiel et, dans une moindre mesure, en petite couronne parisienne. Les départements de grande couronne sont relativement épargnés par le phénomène, mis à part quelques points particuliers comme les zones proches des aéroports ou des autoroutes.

Si l’on se réfère aux normes françaises, moins strictes que celles de l’OMS, 682 établissements (5% du total) dépassent le seuil normalement toléré, dont 548 se trouvent dans Paris, 125 dans l’un des départements de petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis ou Val-de-Marne) et seulement 9 en grande couronne (Val-d’Oise, Essonne, Yvelines ou Seine-et-Marne).

La situation s’est améliorée depuis 2012

C’est au coeur de la capitale que les enfants sont les plus exposés avec les taux de dioxyde d’azote les plus élevés. L’école polyvalente Saint-Merri dans le IVe arrondissement, la plus exposée du classement, atteint des niveaux de dioxyde d’azote (N02) de 90µg/m3, des taux qui continuent de monter, alors que le seuil toléré est de 40µg/m3.

Dans les Hauts-de-Seine, c’est à Courbevoie, Asnières et Issy-les-Moulineaux que l’on respire le moins bien. En Seine-Saint-Denis, à Montreuil. Et dans le Val de-Marne, au Kremlin-Bicêtre.

Mais, tout n’est pas noir comme la fumée des pots d’échappement des véhicules diesel. L’étude de Respire montre aussi que la pollution, même si elle reste importante, a reculé entre 2012 et 2017. Ainsi le nombre d’établissements exposés aux seuils critiques de pollution a été divisé par deux à Paris. Il a aussi baissé de 8,9 à 3,6 % en petite couronne.

« Il existe de nombreuses mesures, au niveau national ou local, pour lutter contre cette pollution, conclut Ollivier Blond, président de Respire, la pollution de l’air n’est pas une fatalité, c’est un problème de volonté politique ».

LES SOLUTIONS : ZONES A FAIBLES EMISSIONS ET VOIES VERTES ?

Et si la réponse venait de la ZFE ? Cette zone à faible émission, déjà lancée à Paris, et dont l’extension à la petite couronne a été votée par la Métropole du Grand Paris l’an dernier, a déjà fait couler beaucoup d’encre.

Selon Respire, qui s’appuie sur l’étude prospective d’Airparif en mars dernier, elle serait « la mesure la plus efficace pour diminuer l’exposition à la pollution de l’air à l’intérieur de l’A8 6 ».

Aujourd’hui en cours de consultation dans les 79 villes concernées sur les 131 que compte la Métropole, elle devrait se traduire par une restriction de circulation pour les véhicules les plus polluants au sein du périmètre de l’A 86. Mais son application prévue dès juillet pourrait être retardée ou se faire par étapes…

L’autre mesure préconisée par Respire : la création de « voies vertes » réservées au covoiturage, aux transports en commun et aux véhicules propres, sur les autoroutes urbaines régionales (périphérique, A 1, A 3, A 6…). « De nombreuses études montrent que ce genre de mesures encourage le covoiturage et les transports moins polluants », assure l’association.